Un homme d’un age mur, aux cheveux et poils de barbe gris et blancs et aux yeux clairs et bleus s’avance dans le camp, se faisant bousculer par les hommes de garde en cette fin d’après-midi. Vêtu de façon précieuse, il arborait une chemise bouffante et un pantalon impeccable dans des bottes d’officier d’un noir reluisant comme l’ébène des pays lointain. Son tricorne avait l’air aussi usé que son par-dessus, mais ils restaient aussi élégants que jadis. Une rapière sans age et un pistolet a silex d’au moins 3 générations précédant l’actuelle pendaient fièrement a ses cotés.
« Ah mais mon aimable monsieur, je vous prie de me laisser passer, je suis attendu voyez-vous. Aaaah, Lokaran Rocargent ! Quelle joie de vous revoir, vous semblez bien portant ! Ces malotrus mal éduqués ont tenté de me dissuader de venir. C’est inouï de nos jours de trouver autant d’impolitesse chez les personnes qui se réclament de bonne éducation….ça me rappelle l’histoire de ce barbier d’Altdorf qui avait eu l’audace de me proposer un blaireau ordinaire en crin de cheval… »
* Lokaran s’avance en glissant tout bas du coin de la bouche a ses camarades qui restèrent bouche bée face a cet hurluberlu :*
- « ne faites rien, je vous explique plus tard, laissez le parler » fit-il tout bas…. « Munchausen ! Comment allez vous ?
- Mon bon Lokaran Rocargent, il convient mieux de présenter correctement un ami de longue date n’est-ce pas ? Je suis, mes chers amis émerveillés, Karl Friedrich Hieronymus, baron de Münchhausen, que beaucoup épellent tout simplement et magnifiquement Munchausen. C’est moins fringant je le reconnais mais c’est plus pratique a retenir pour les roturiers.
Aaah, je vois à vos mines ébahies et vos visages ébaubis que mon nom fait écho dans vos sombres cervelles. Laissez moi vous éclairer, cela ne peut nous faire que du bien a tous…Je suis Baron de naissance, et alors que je profitais du temps que la vie douce et belle avait mis a profit pour un de ses plus beaux enfants, je me cultivais, laissant le soin a mes laquais d’entretenir mon manoir et mes terres. Je fus un bien beau seigneur voyez-vous, mon unique souhait était de populariser le théâtre parmi mes sujets. Aussi montai-je sur scène, et parbleu je jouais divinement bien ! Les anges de la Grâce berçaient mes exploits sur les planches et j’emportai avec moi en coulisses les sourires éblouissants de ceux qui avaient encore des dents parmi mes sujets en larmes et subjugués par mon talent…
* Lokaran retenait tant bien que mal les plus rudes du bataillon qui sortaient déjà leurs lames pendant que Munchausen marchait en rond en faisant tournoyer sa montre a gousset et finissait son récit. *
…lorsqu’enfin j’abattis de ma lame mon centième élu, et après avoir marché sur le cadavre de centaines de rejetons du chaos qui connurent les balles de mon fidèle pistolet, force était de reconnaître que mes terres autrefois prospères et respectées étaient tombées aux mains du vil ennemi, qui ne supporte par l’art. Ainsi cerné par dix milles bourses molles du chaos, je pris alors l’initiative qui fit ma gloire a travers le monde et la renommée de mon nom par delà même la Bretonnie, je fonçais comme un taureau plein de fougue vers le canon le plus proche et m’accrochait vigoureusement au boulet. Celui-ci projeté par la prodigieuse technologie, me conduisit directement je vous le donne en mille, sur la lune mes amis !
- Euuh…oui, je crois mon ami que tout le monde connaît cette histoire, c’est évident » dit posément Lokaran.
- Grand Dieu Lokaran, que nos discussions m’ont manqué !
- Mais que faites vous ici Baron ?
- Comment personne ne le sait ? Suite au tragique destin de mes terres, j’errais ça et la, a la recherche de reconnaissance artistique lorsque l’on vint me dire a moi, qu’il fallait que je me rende « utile » à la société. Moi qui pensais que le temps où je guerroyais était fini. J’ai choisi la voix des répurgateurs et complétais avec brio la formation académique de ces gens qui ont selon moi le plus de savoir-vivre dans la guerre, même le savoir-tuer ! Karl, l’Empereur, a accepté de recevoir son glorieux cousin, même si le degré de parenté m’échappe aujourd’hui, je ne m’en rappelle plus, mais passons…Et loin de ses précédentes réactions quant a la promotion du théâtre que je voulais instaurer dans son royaume, cet homme a l’évidence relativement cultivé quoiqu’encore trop rude, a tenu a m’envoyer ici car il parait que c’est la qu’on a le plus besoin de moi selon ses dires…
- L’Empereur ? J’ai bien peur d’anticiper la réponse de mes supérieurs, Baron…je ne sais pas si vous pouvez rester.
- Comment ne vous l’ai-je pas dit ? Vous n’avez guère le choix compagnons…c’est un ordre de l’empereur, pas une recommandation. Voici sa lettre cachetée…